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Indivision

Indivision

Vous possédez, avec votre frère ou un associé, un appartement parisien reçu en héritage ? Félicitations, vous êtes sans le savoir en indivision. Le terme paraît austère, pourtant il décrit simplement un partage de propriété sans découpage matériel. Chaque co-titulaire détient une quote-part abstraite, comme des actions d’une société, mais le bien reste unique et indivisible. Dès qu’il faut décider d’un loyer, d’un emprunt ou d’une vente, vous devez composer avec les souhaits des autres. C’est pratique… jusqu’au moment où les agendas ou les intérêts divergent. Entrons dans le détail.

Les fondements juridiques de l'indivision

L’indivision a son siège social dans le Code civil, articles 815 et suivants. Le texte dit : toute décision qui touche aux actes « d’administration » demande la majorité des deux tiers des droits, tandis qu’un acte de « disposition » — vendre, hypothéquer — requiert l’unanimité. Ça paraît simple sur le papier ; dans la vraie vie, un héritier installé à Singapour, un autre pressé de liquider, un troisième sentimental compliquent l’équation. Chacun possède une fraction abstraite ; personne ne peut isoler « sa » pièce du puzzle. Cette architecture protège le patrimoine commun, mais elle devient vite un labyrinthe quand les objectifs se contredisent. Ayez en tête que la loi considère tout indivisaire comme co-gestionnaire, responsable des charges et des risques. Un impayé de taxe foncière ? Tout le monde trinque, même celui qui voulait vendre depuis trois ans. Pour éviter les crispations, la convention d’indivision s’impose : durée, gestionnaire désigné, règles de vote. Signer ce document, c’est installer un GPS juridique avant de prendre la route.

Gestion et décisions en indivision

Agir à plusieurs, c’est souvent plus robuste, mais aussi plus lent. Imaginons une toiture qui fuit : l’artisan facture 15 000 €. Faut-il engager les travaux ? Sans majorité qualifiée, le chantier reste à l’arrêt et l’eau ruisselle. D’un côté, cette contrainte évite qu’un indivisaire dépense l’argent commun sur un coup de tête. De l’autre, elle peut figer le bien dans la moisissure. Pour gagner en efficacité, certains nomment un gérant, généralement le membre le plus disponible. Il paie les factures courantes, signe les baux, représente le groupe devant le syndic. La convention peut même prévoir une délégation partielle : autoriser les dépenses inférieures à 5 000 €, par exemple. Autre bonne pratique : créer un compte bancaire dédié. Finie la confusion entre l’indivision et le budget personnel. Chaque euro qui entre ou sort est traçable, et les tensions s’apaisent. En résumé, l’indivision fonctionne quand la gouvernance est limpide, le reporting régulier et la confiance réciproque.

Les avantages et inconvénients de l'indivision

Commençons par le positif. L’indivision permet d’acheter plus grand que prévu. Trois amis mettent chacun 100 000 € ; ensemble, ils décrochent un immeuble de bureaux et diversifient leur exposition. Les charges, les travaux, les assurances ? Répartis au prorata des parts, donc plus digestes. Autre atout : la mutualisation du risque locatif. Si un locataire fait défaut, la perte se dilue entre plusieurs patrimoines. Toutefois, le revers n’est jamais loin. Le blocage décisionnel peut geler des opportunités, voire dévaloriser le bien. La recherche d’accord peut se transformer en marathon diplomatique. Plus grave : un indivisaire endetté voit ses créanciers frapper à la porte, et c’est tout le groupe qui se retrouve inquiet. Enfin, la sortie est parfois douloureuse. Le Code civil rappelle que « Nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision ». Autrement dit, un seul peut imposer la vente. Moralité : avant d’entrer, rédigez des clauses de sortie, comme on signe un pacte d’associés en entreprise.

Un exemple concret d'indivision

Le cas Léon-Claire-Maxime illustre bien la théorie. Les trois cousins héritent d’un mas provençal estimé 900 000 €. Léon, cadre supérieur, souhaite le louer l’été pour financer ses voyages. Claire, avocate libérale, rêve de télétravailler sous les oliviers, donc préfère l’occuper. Maxime, start-upper, veut tout vendre et injecter sa part dans sa nouvelle application de santé. Résultat : statu quo. Leur notaire leur propose une convention : location saisonnière six semaines, occupation personnelle six autres, mise en réserve d’un fonds travaux, et clause de rachat prioritaire si l’un veut sortir. Après discussion, ils signent. Trois ans plus tard, Maxime exerce sa clause ; Claire rachète ses droits grâce à un crédit patrimonial. Le mas reste en famille, les tensions s’évanouissent. L’histoire montre qu’un accord sur mesure vaut mieux qu’un procès.

La sortie de l'indivision : solutions et implications

Quitter l’indivision, c’est choisir entre trois portes. Porte 1 : la vente du bien et le partage du prix, nette d’emprunts et de frais. Rapide si tout le monde est d’accord, redoutable si l’un traîne les pieds. Porte 2 : le rachat des droits d’un co-indivisaire. Concrètement, un prêt bancaire classique ou in fine finance l’opération, avec éventuellement l’hypothèque du bien en garantie. Porte 3 : le partage judiciaire. Le tribunal ordonne la vente aux enchères ou attribue le bien à l’un contre soulte. Procédure longue, coûteuse, publique ; bref, la solution de dernier ressort. Sur le plan fiscal, attention : la vente entraîne la taxation de la plus-value, tandis que le rachat déclenche des droits de mutation réduits (2,5 % dans le cadre familial). Dans tous les cas, anticipez : faites évaluer le bien, calculez les droits, négociez un prêt. L’indivision n’est pas un piège, mais un contrat exigeant. Bien gérée, elle sert vos ambitions patrimoniales ; mal gérée, elle les entrave.

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